Le Tourist Trophy de l’île de Man est la course moto la plus dangereuse et mythique au monde, attirant chaque année fin mai et début juin les pilotes les plus courageux sur un circuit routier de 60 kilomètres. Nous allons vous expliquer pourquoi cette épreuve centenaire fascine autant :
- Une histoire riche depuis 1907 qui a forgé les légendes de la moto
- Un tracé unique mêlant routes de montagne, villages et lignes droites à plus de 330 km/h
- Des records époustouflants et des pilotes devenus immortels
- Une ambiance festive incomparable qui transforme l’île entière
Préparez-vous à découvrir tous les secrets de cette course hors du commun que nous suivons depuis des années.
Qu’est-ce que le Tourist Trophy de l’île de Man ?
Le Tourist Trophy (TT) de l’île de Man représente l’épreuve moto sur route la plus prestigieuse au monde. Organisée par ACU Events Ltd, cette course se déroule sur le circuit de la Snaefell Mountain Course, un tracé de 60,7 kilomètres comptant 264 virages répertoriés.
L’événement s’étale sur deux semaines complètes. La première semaine est consacrée aux qualifications qui ont lieu en soirée après fermeture des routes à la circulation. La seconde semaine accueille les courses officielles programmées un jour sur deux : samedi, lundi, mercredi et vendredi.
Nous tenons à préciser que le TT ne fait plus partie du championnat du monde depuis 1976, jugé trop dangereux par la FIM. Les pilotes y participent donc sur la base du volontariat, attirés par la gloire et l’adrénaline pure.
L’histoire du Tourist Trophy depuis 1907
Créé en 1907, le Tourist Trophy trouve ses origines dans la volonté de tester les performances des motos sur un circuit fermé mais utilisant des routes publiques. Les premières éditions se couraient sur un tracé plus court de 25 kilomètres dans la région de St John’s.
Le circuit actuel de la Snaefell Mountain Course fut adopté en 1911 et n’a pratiquement pas changé depuis. Cette continuité exceptionnelle permet de comparer les performances sur plus d’un siècle de compétition.
L’événement a été interrompu seulement par les deux guerres mondiales, l’épidémie de fièvre aphteuse en 2001 et la pandémie de Covid-19 en 2020-2021. Cette régularité témoigne de l’attachement profond des organisateurs et participants à cette tradition unique.
Nous notons que dès les années 1920, le TT était déjà considéré comme l’épreuve de référence mondiale, attirant les plus grands constructeurs comme Norton, Triumph, Honda ou Yamaha pour y démontrer leurs innovations techniques.
Le circuit de la Snaefell Mountain Course
Le tracé de 60,725 kilomètres traverse l’île du sud-ouest au nord-est, offrant une variété de paysages et de difficultés uniques. Nous connaissons chaque virage de ce circuit extraordinaire qui débute à Glencrutchery Road à Douglas pour revenir au même point.
Les sections les plus célèbres incluent Bray Hill (première descente rapide), Quarterbridge, Ballaugh Bridge (saut spectaculaire), Creg-ny-Baa, et la montée vers Snaefell à plus de 400 mètres d’altitude. La vitesse varie de 60 km/h dans certains virages serrés à plus de 330 km/h sur les lignes droites.
Le dénivelé total atteint 264 mètres, avec des pentes pouvant dépasser 10%. Les pilotes doivent mémoriser parfaitement ces 264 virages, car une erreur de trajectoire peut être fatale sur des portions bordées de murs en pierre ou d’arbres.
Les catégories de courses au TT (motos et sidecars)
Le programme actuel comprend six catégories principales que nous détaillons :
Senior TT : cylindrée libre (généralement 1000 cm³), course la plus prestigieuse héritière de l’épreuve originelle. Superbike TT : motos de 1000 cm³ proches des versions de série, très populaire auprès du public. Supersport TT : cylindrée 600 cm³, offrant un spectacle technique remarquable.
Superstock TT : versions quasi identiques aux motos commercialisées, prouvant les capacités des machines de série. Supertwin TT : motos bicylindres de moyenne cylindrée, category technique par excellence.
Sidecar TT : épreuve avec passager, dominée ces dernières années par les frères Ben et Tom Birchall. Cette catégorie impressionne par la coordination nécessaire entre pilote et passager pour négocier les virages à haute vitesse.
Certaines catégories ont disparu comme l’Ultra-Lightweight, la TT Zero (électrique) ou la Formula TT, évoluant selon les tendances du marché moto.
Le programme du TT : qualifications, Mad Sunday et courses
La première semaine débute par les séances de qualifications en soirée. Les routes ferment vers 18h30, permettant aux pilotes de s’entraîner jusqu’à la tombée de la nuit. Nous recommandons d’assister à ces sessions moins fréquentées mais tout aussi spectaculaires.
Le Mad Sunday marque l’événement phare de la semaine d’ouverture. Ce jour-là, les amateurs peuvent rouler librement sur le circuit avec leurs propres machines. L’ambiance devient festive avec défilés, parades et animations dans tous les villages traversés.
La seconde semaine alterne courses officielles et jours de repos. Chaque jour de course propose généralement deux ou trois épreuves selon les catégories. Les départs s’effectuent individuellement toutes les 10 secondes, créant une course contre la montre unique en son genre.
Records et performances mythiques du TT
Les chiffres du TT donnent le vertige. Peter Hickman détient le record absolu du tour en 16 minutes et 36 secondes (2023) sur BMW M1000 RR, soit une moyenne de 219,67 km/h sur l’ensemble du parcours.
James Hillier a enregistré la vitesse de pointe la plus élevée à 331 km/h en 2015 sur Kawasaki H2R. Ces performances dépassent largement celles des circuits fermés traditionnels grâce aux longues lignes droites du tracé.
Record | Pilote | Moto | Année | Performance |
Tour le plus rapide | Peter Hickman | BMW M1000 RR | 2023 | 16’36″798 |
Vitesse max | James Hillier | Kawasaki H2R | 2015 | 331 km/h |
Plus de victoires | Michael Dunlop | – | – | 33 victoires |
Nous admirons particulièrement l’évolution constante de ces records qui témoignent des progrès technologiques et du courage des pilotes.
Pilotes légendaires et figures emblématiques
Michael Dunlop règne actuellement sur le TT avec 33 victoires, dépassant les légendes Joey Dunlop (26 victoires, son oncle) et John McGuinness (23 victoires). Cette dynastie Dunlop illustre parfaitement la transmission familiale de la passion du TT.
Mike Hailwood reste “Mike the Bike”, le pilote ayant marqué l’histoire avec ses 14 victoires entre 1961 et 1979. Son retour triomphal en 1978 après 11 ans d’absence demeure légendaire.
Giacomo Agostini, malgré ses 15 titres mondiaux, n’a jamais gagné au TT, illustrant la spécificité unique de cette épreuve. Ian Hutchinson impressionne avec ses 5 victoires en 2010, record sur une seule édition.
Nous saluons aussi Guy Martin, pilote charismatique qui n’a jamais gagné mais reste une figure emblématique grâce à sa personnalité attachante et ses nombreux podiums.
Les dangers et polémiques autour du Tourist Trophy
Le TT reste la course la plus dangereuse au monde avec plus de 250 décès depuis 1911. L’année 2022 a été particulièrement tragique avec 5 victimes, dont un père et son fils en sidecar, rappelant brutalement les risques inhérents à cette épreuve.
L’accident de Gilberto Parlotti en 1972 avait provoqué le boycott des pilotes d’usine et la sortie du TT du championnat du monde. Nous comprenons les critiques de champions comme Wayne Gardner qui qualifie l’épreuve de “folle” et réclame son interdiction.
Les organisateurs multiplient les efforts de sécurité : amélioration des protections, formation des commissaires, hélicoptères médicalisés. Malgré ces mesures, le caractère routier du circuit limite les possibilités d’amélioration sans dénaturer l’épreuve.
Les pilotes participent en connaissance de cause, attirés par le défi ultime et la gloire éternelle réservée aux vainqueurs du TT.
L’ambiance et la culture du TT sur l’île de Man
L’île se métamorphose pendant ces deux semaines, sa population passant de 85 000 à plus de 150 000 habitants. Les pubs débordent, les campings affichent complet et chaque conversation tourne autour des courses.
Le Mad Sunday attire des milliers de motards du monde entier qui profitent de rouler sur ce circuit mythique. L’ambiance reste bon enfant malgré la foule, créant une fraternité unique entre passionnés.
Nous apprécions particulièrement les villages-étapes comme Ramsey, Ballaugh ou Cronk-y-Voddy où les spectateurs s’installent gratuitement pour admirer le spectacle. Les locaux ouvrent leurs jardins, proposent thé et sandwiches, perpétuant l’hospitalité manxoise.
Les soirées se prolongent avec concerts, rencontres informelles et récits d’exploits. Cette culture du TT dépasse largement le simple cadre sportif pour devenir un art de vivre partagé.
Infos pratiques pour assister au Tourist Trophy (billets, hébergements, séjours)
L’accès au spectacle reste gratuit sur la majorité du circuit, seules certaines tribunes sont payantes. Nous conseillons de réserver l’hébergement très tôt, les prix variant de 1100 € à 2500 € pour une semaine selon le standing.
Les options d’hébergement incluent camping traditionnel, glamping, bungalows ou hôtels. Le ferry depuis Liverpool ou Heysham constitue l’accès le plus économique, comptez environ 4h de traversée.
De nombreux tour-opérateurs proposent des séjours clés en main incluant transport, hébergement et activités annexes. Nous recommandons de prévoir au minimum 4 jours pour profiter pleinement de l’expérience.
L’île offre de nombreuses activités : visites culturelles, balades à moto sur les autres circuits, shopping de produits dérivés. La gastronomie locale mérite aussi le détour avec les fameuses coquilles Saint-Jacques de la baie de Port Erin.
Le Tourist Trophy dans les médias : films, jeux vidéo et documentaires
Le site officiel iomttraces.com propose TT+, service numérique avec plus de 40 heures de couverture live et replays. Cette plateforme permet de suivre les courses avec multicaméras et commentaires d’experts.
La saga de jeux vidéo “TT Isle of Man: Ride on the Edge” (2018, 2019, 2023) reproduit fidèlement le circuit et ses sensations. Ces simulations contribuent à faire découvrir le TT aux jeunes générations.
Les documentaires marquants incluent “Tourist Trophy : La course de l’extrême” (2011) en 3D et “3 Wheeling” (2017) sur l’univers des sidecars. Le film “No Limit” (1935) reste une curiosité historique montrant l’ancrage culturel du TT.
Ces productions médiatiques participent au rayonnement international de l’épreuve et alimentent sa légende auprès du grand public.
Pourquoi le TT fascine encore aujourd’hui ?
Le Tourist Trophy incarne l’essence pure du sport moto : courage, technique, dépassement de soi et communion avec la machine. À l’heure des circuits ultra-sécurisés, il perpétue l’esprit pionnier des premiers motocyclistes.
Cette authenticité séduit dans un monde de plus en plus formaté. Les pilotes y trouvent une liberté totale, loin des contraintes commerciales et réglementaires des championnats modernes.
La dimension humaine reste prépondérante : chacun peut approcher les pilotes, partager un verre après les courses, créer des liens durables. Cette proximité unique disparaît dans les grands prix contemporains.
Nous pensons que le TT survivra tant qu’existeront des passionnés prêts à repousser leurs limites pour vivre une expérience absolue, quitte à y risquer leur vie.